Il se passe quelque chose avec les startups d'IA en France

Hier soir, Motier Ventures a organisé une rencontre technologique axée sur les startups de l’IA mettant en vedette certaines des startups technologiques les plus en vogue de l’écosystème technologique français : Dust, Finegrain, Gladia, Mistral AI et Scenario – toutes sont des sociétés du portefeuille de Motier Ventures. Et on pouvait ressentir un sentiment d’excitation sur scène et dans le public.

L’intelligence artificielle, tout comme aux États-Unis, est rapidement devenue un secteur vertical en vogue au sein de l’industrie technologique française. Mais cette fois, la France semble particulièrement bien placée pour devenir l’un des principaux hubs mondiaux de l’IA.

Et cela ne devrait pas surprendre. Les géants de la technologie ont historiquement installé des laboratoires de recherche en IA à Paris, car il existe un large vivier de doctorants en mathématiques, en informatique et en ingénierie. Ils sont généralement diplômés de Polytechnique, de l’ENS ou d’Inria. Ils partent parfois aux États-Unis pour des recherches postdoctorales, puis reviennent en France pour rejoindre un laboratoire de recherche.

Par exemple, Facebook (maintenant Meta) a créé son laboratoire de recherche à Paris en 2015 avec Yann LeCun à la tête de l’initiative IA – ce groupe de recherche s’appelle FAIR, pour Facebook Artificial Intelligence Research. Google a emboîté le pas en créant son propre centre de recherche en IA dédié à l’IA à Paris.

« L’équipe FAIR est extrêmement impressionnante. Il suffit de regarder ce qu’ils ont fait avec Llama », m’a dit hier un entrepreneur. Il a récemment eu une réunion privée avec certains ingénieurs et scientifiques travaillant sur des projets d’IA.

Et si vous regardez les fondateurs de Mistral AI, la startup française d’IA travaillant sur de grands modèles de langage open source qui a levé un tour de table de 105 millions d’euros (112 millions de dollars au taux de change actuel), les trois co-fondateurs (Arthur Mensch, Timothée Lacroix et Guillaume Lampe) ont travaillé auparavant chez DeepMind ou FAIR de Google.

Hier soir, les co-fondateurs de Mistral ont réalisé une démo de Mistral AI dans une interface de type ChatGPT appelée Mistral AI Chat. La démo était basée sur un nouveau modèle appelé « mistral-70b-instruct-alpha01 », indiquant que l’équipe travaille activement sur un nouveau modèle avec plus de paramètres afin qu’il puisse être plus compétitif par rapport aux LLM sophistiqués. Selon un récent rapport de The Information, Mistral AI prévoit de lever jusqu’à 300 millions de dollars dans les semaines à venir.

Mistral n’est pas la seule entreprise d’IA de premier plan en France. Poolside, une entreprise qui a récemment levé un tour de table de 126 millions de dollars, prévoit d’utiliser l’IA pour faciliter considérablement l’écriture de code. Co-fondée par Jason Warner, l’ancien CTO de GitHub, et Eiso Kant, un entrepreneur en série qui a travaillé sur Athenian et source{d}, la société a choisi Paris comme port d’attache.

Dust, une entreprise qui travaille à l’intégration de grands modèles de langage avec les données internes de l’entreprise de GitHub, Notion ou Slack, est également montée sur scène pour une démonstration hier soir. Lors de la pendaison de crémaillère des bureaux de Dust, j’ai réalisé que Dust partageait son magnifique immeuble de bureaux avec Nabla, une autre startup française d’IA dont l’objectif est d’aider les médecins à exploiter de grands modèles de langage et cofondée par d’anciens ingénieurs de FAIR. Cela prouve une fois de plus qu’un écosystème d’IA est en train d’émerger.

Les fondateurs de Mistral AI et Dust ont dû quitter le meetup rapidement après leurs manifestations car ils étaient tous deux invités à dîner à l’Elysée, résidence d’Emmanuel Macron. Il existe donc également un certain soutien public aux startups de l’IA en France. Un entrepreneur m’a récemment dit que plusieurs startups de l’IA collaboraient sur des appels d’offres publics pour des subventions gouvernementales d’une valeur de plusieurs millions d’euros dans le cadre de France 2030.

Une chose qui pourrait différencier les startups européennes de l’IA des géants de l’IA comme OpenAI et Anthropic est qu’elles réfléchissent dès le premier jour à la réglementation et à la conformité. Une startup française d’IA intéressante dans ce domaine est Giskard, qui développe un framework de test open source, ou « le meilleur antivirus LLM du marché », comme me l’a dit Alex Combessie, co-fondateur et PDG de Giskard. J’aurai davantage à écrire sur Giskard dans les prochains jours.

Et une autre vague de startups d’IA furtive

Plus tôt cette semaine, The Information a rapporté qu’Adaptive, une startup d’IA basée à Amsterdam et cofondée par le chercheur français en IA Julien Launay, était sur le point de lever une graine pour une valorisation de 100 millions de dollars. Adaptive aide les entreprises à itérer sur leurs applications d’IA sans s’appuyer sur des données ou des annotations externes.

Une source a confirmé qu’Index Ventures dirigeait le cycle Adaptive, avec la participation d’Iconiq et de Motier Ventures.

Une autre source m’a dit que Wiem Gharbi organisait également un tour de table avec Index Ventures pour une startup d’IA avec une équipe répartie entre Paris et Londres.

Crédits images : Motier Ventures

Par ailleurs, j’ai entendu dire que Steeve Morin, un membre clé de l’équipe derrière Zenly, une application grand public populaire acquise par Snap, crée également une startup d’IA appelée ZML. L’équipe se concentrera sur l’amélioration de l’inférence d’apprentissage automatique et d’autres outils de bas niveau.

Maxime Germain, fondateur de la startup en santé mentale Jour, acquise par Alan, quitte Alan pour démarrer Heart Hands, une startup en IA qui développe un « deuxième cerveau dans votre poche », comme me l’a décrit un investisseur.

Pierre Valade, le fondateur de Sunrise et Jumbo, constitue une équipe pour une startup d’IA actuellement appelée Chief of Staff. Hugo Mercier travaille également sur une startup d’IA en mode furtif.

Je pense qu’il est prudent de qualifier cette nouvelle vague de startups de tendance. Alors que l’écosystème technologique global connaît toujours un ralentissement, il existe une quantité absurde d’activité parmi les startups françaises à un stade précoce, avec de nouvelles startups d’IA créées à un rythme rapide et des sociétés de capital-risque se battant pour les cycles de financement les plus compétitifs.

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